- ignorantin
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• 1752; de ignorant1 ♦ Frères ignorantins, et n. m. les ignorantins : nom qu'avaient pris, par humilité, les religieux de l'ordre de Saint-Jean-de-Dieu.2 ♦ N. m. Péj. Frère de la doctrine chrétienne.⇒IGNORANTIN, -INE, adj. et subst.A. — Frère(s) ignorantin(s), p. ell. ignorantin(s). (Religieux) appartenant à l'ordre de Saint-Jean-de-Dieu (portant ce nom par humilité). (Dict. XIXe et XXe s.).— P. ext. (Religieux) enseignant dans les écoles de la Doctrine Chrétienne (ainsi nommés par confusion ou par dénigrement). On a encouragé l'esprit prêtre, on a laissé les couvents envahir la France et les sales ignorantins s'emparer de l'éducation (SAND, Corresp., t. 5, 1867, p. 196). Nous avons (...) appris les rudiments ches les ignorantins (PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 1).B. — Emploi dépréc. (Celui) qui est ignorant, sans culture et prétentieux. Une tradition ignorantine (...) ne propose plus aujourd'hui que les œuvres les moins pures de Liszt, ses morceaux de jongleurs, ses divertissements d'acrobate (POURTALÈS, Vie Liszt, 1925, p. 129) :• Quand la muse apparaît, ces hurleurs de holàDisent : « Qu'est-ce que c'est que cette folle-là? » (...)L'enfant est l'ignorant, ils sont l'ignorantin;Ils raturent l'esprit, la splendeur, le matin;Ils sarclent l'idéal ainsi qu'un barbarisme,...HUGO, Contempl., t. 1, 1856, p. 98.Prononc. et Orth. : [
], fém. [-in]. Att. ds Ac. 1835, 1878. Étymol. et Hist. 1. 1752 Freres ignorantins (Trév. qui renvoie à Frere de la Sale, du nom de St Jean-Baptiste de La Salle, fondateur en 1680 des Frères des Écoles chrétiennes); 1829 un ignorantin (JANIN, Âne mort, p. 41); 2. 1771 (Trév., s.v. ignorant : Les Freres de la Charité ont pris la qualité de Freres Ignorans ou Ignorantins). Dér. de ignorant au moyen du suff. -in de valeur péj., et également p. anal. avec Augustin, Jacobin, Capucin... Frères ignorants a en effet servi à désigner plusieurs ordres ou congrégations relig. : — en 1594, il est appliqué ds la Satire Ménippée (éd. Ch. Read, p. 119) aux Capucins (en ital. Fratelli ignoranti, cf. Trév. 1752) dont le protecteur était le cardinal Pellevé, partisan de la Ligue contre Henri IV; — en 1690 et 1704, il est relevé par FUR. et Trév. pour désigner les Frères hospitaliers de la Charité (sens 2) fondés au début du XVIe s. par le port. St Jean de Dieu et que Marie de Médicis introduisit en France en 1601 (le fr. est ici le calque de l'ital. Frati ignoranti appliqué aux Frères de la même congrégation [1605 P.V. CAYET, Chronol. septenaire, 1604 ds LITTRÉ]). Dans la mesure où l'ital. Ignorantelli, qui ne semble désigner que les Frères des Écoles chrétiennes (BATT.), serait ant. au fr., il aurait pu servir de modèle à la formation péj. de ignorantin. Fréq. abs. littér. : 25.
ignorantin, ine [iɲɔʀɑ̃tɛ̃, in] n. m. et adj.ÉTYM. 1752; de ignorant, d'après l'ital. Ignorantelli ou par anal. avec d'autres adj., comme augustin, ine.❖———I Frères ignorantins, et n. m., les ignorantins, nom qu'avaient pris, par humilité, les religieux de l'ordre de Saint-Jean-de-Dieu. — Péj. Frère de la doctrine chrétienne.1 On a encouragé l'esprit prêtre, on a laissé les couvents envahir la France et les sales ignorantins s'emparer de l'éducation.G. Sand, Correspondance, t. V, p. 195, in T. L. F.2 Il établissait des comparaisons entre les écoles primaires et les frères ignorantins, au détriment de ces derniers (…)Flaubert, Mme Bovary, III, XI.➪ tableau Principaux noms de religieux.———3 (…) cette sorte de phonation à la fois déclamatoire, familière, condescendante, ignorantine et maniérée.Jacques Perret, Bâtons dans les roues, p. 115.♦ Choses. || « Une tradition ignorantine (…) ne propose plus aujourd'hui que les œuvres les moins pures de Liszt… » (Guy de Pourtalès, Vie de Liszt, p. 129, in T. L. F.).
Encyclopédie Universelle. 2012.